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Vos questions, nos réponses

Le livre blanc du chauffage électrique 

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le chauffage électrique...
... sans avoir jamais osé le demander

Ce livre blanc a pour but d'exposer la réalité du chauffage électrique, en dehors de toute polémique. Les données sont extraites des statistiques fédérales.

Pour simplifier, nous nous concentrons, sauf exceptions mentionnées, sur les chiffres de l'année 2010, qui fut rappelons-le une année froide (3'586 degrés-jours contre 2'938 en 2011).

A défaut d'autres chiffres, nous nous référons parfois aux données fournies par plus de 750 de nos adhérents. Les références complètes figurent sur notre site.

 

Table des matières :

    Glossaire
  1. Préambule : l'électricité a considérablement amélioré notre qualité de vie
  2. Les grandes ères du chauffage domestique
  3. De l'efficience du chauffage électrique
  4. Pourquoi le chauffage électrique s'est-il développé en Suisse à partir des années 1970 ?
  5. Quelles étaient les contraintes imposées ?
  6. Le chauffage électrique était-il subventionné ?
  7. Le chauffage électrique a-t-il eu du succès ?
  8. Pourquoi l'installation de nouveaux chauffages électriques a-t-elle été interdite à partir de 1990 ?
  9. Combien y a-t-il actuellement de chauffages électriques en Suisse ?
  10. Combien consomment les chauffages électriques domestiques ?
  11. Comment se situent ces 11'200 kWh annuels du chauffage électrique par rapport aux chauffages traditionnels (mazout et gaz) ?
  12. ... et en termes de pollution atmosphérique ?
  13. Quid de l'indépendance énergétique et de la balance des paiements ?
  14. Le chauffage électrique n'aurait-il aucun défaut pour l'utilisateur ?
  15. Le point de vue juridique
  16. Les deux types de chauffages électriques et leurs différences
  17. Peut-on remplacer un chauffage électrique par un système à mazout ou à gaz ?
  18. Le chauffage dans son ensemble est un énorme consommateur d'énergie
  19. Peut-on réglementer les usages de l'énergie en général et de l'électricité en particulier ?
  20. La voie « photovoltaïque » pour réduire les prélèvements sur le réseau électrique
  21. La voie « pompe à chaleur » pour réduire la consommation d'énergie de chauffage
  22. Quelle serait l'économie d'électricité si tous les chauffages électriques étaient remplacés par des PAC ?
  23. Les chauffages électriques disparaîtront naturellement
  24. Vers l'autosuffisance énergétique : PAC + panneaux photovoltaïques
  25. Quid des chauffe-eau électriques ?
  26. ... et nous n'avons pas parlé d'isolation.

 

Petit glossaire :

CE : chauffage électrique
COPA : coefficient de performance annualisé.
Cf. point 21
PAC : pompe à chaleur
Wc : watt-crête.
Unité de mesure représentant la puissance maximale d'un dispositif. Dans le cas d'une installation photovoltaïque, il s'agir de la puissance électrique maximale pouvant être fournie dans des conditions standards, permettant de comparer les rendements
Wh : wattheure.
Unité correspondant à l'énergie consommée par un appareil d'une puissance d'un watt fonctionnant pendant une heure. Un wattheure vaut 3,6 kilojoules (3,6*103 J).
kWh : kilowattheure.
Le kilowattheure vaut 1'000 (103) wattheures, soit encore 3,6 mégajoules (3,6*106 J). Un kilowattheure vaut 3,6 mégajoules (3,6*106 J).
MWh : mégawattheure.
Le mégawattheure vaut 1'000'000 (106) wattheures, soit encore 3,6 gigajoules (3,6*109 J).
GWh : gigawattheure.
Le gigawattheure vaut 1'000'000'000 (109) wattheures, soit encore 3,6 térajoules (3,6*1012 J).
TWh : térawattheure.
Le térawattheure vaut 1'000'000'000'000 (1012) wattheures, soit encore 3,6 pétajoules (3,6*1015 J).
PWh : pétawattheure.
Le pétawattheure vaut 1'000'000'000'000'000 (1015) wattheures, soit encore 3,6 exajoules (3,6*1018 J).
CO2 : gaz carbonique ou dioxyde de carbone, dont on cherche à limiter les émissions dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

 

1) Préambule : l'électricité a considérablement amélioré notre qualité de vie 

Très peu de Suisses peuvent témoigner de ce qu'était la vie quotidienne avant l'électrification du pays. Un grand-papa suisse, né breton, se souvient de découvrir en février 1952 que l'électricité avait, enfin, été installée dans la ferme familiale : que de changements ! L'ampoule remplaçait la lampe à pétrole, l'eau arrivait à l'évier sans avoir à la pomper à bras, le moteur électrique faisait tourner des machines et la batteuse, on recevait la radio...

Tout le monde admet que l'éclairage à incandescence a surclassé les lampes à pétrole ou acétylène, que l'éclairage électrique urbain a remplacé avantageusement les systèmes à gaz, que la traction électrique des trains, non seulement a accru leur vitesse et leur confort, mais a aussi permis de franchir de très longs tunnels.

Réfrigérateur, cuisinière, bouilloire, moulin à café, réveille-matin... Cherchez un exemple où le passage à l'électricité n'a pas amélioré les performances d'un objet. La seule exception qui confirme cette règle est la tristement célèbre chaise électrique.

L'électrification de notre vie quotidienne a fait passer la part de l'électricité de 15,4% du total de l'énergie finale consommée en Suisse en 1970, à 24% en 2012. Cette tendance se maintiendra.
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2) Les grandes ères du chauffage domestique 

Bref survol de son évolution.




Au début -et pendant longtemps- le chauffage domestique était PONCTUEL. Les gens se rassemblaient autour de la source de chaleur : feu de bois dans la grotte ou la masure, cheminée du château, et plus près de nous fourneaux à bois, poêles à pellets, etc...

Puis vint le chauffage CENTRAL. Les Romains aisés avaient leur hypocauste, chauffage par le sol - dans les thermes notamment. On attribue à l'anglais James Watt l'idée du chauffage central à vapeur d'eau. Dès le début du XXème siècle, le chauffage central se généralise dans les bâtiments urbains. La source de chaleur est successivement le bois, le charbon de bois, le charbon, le mazout, le gaz et même l'électricité (début des années 1970 en Suisse). Avec ce système, la chaleur produite centralement est diffusée vers les endroits où se trouvent- ou peuvent se trouver- les gens qui veulent avoir chaud.

Le CHAUFFAGE ELECTRIQUE DIRECT (en Suisse dès les années 1970) est la synthèse des deux systèmes précédents : un réseau de convecteurs équipe les pièces du bâtiment, leur mise en service/arrêt, comme leur réglage, se fait localement, là où on veut se chauffer.

La POMPE à CHALEUR (timides débuts en Suisse vers 1985) est un système de chauffage central, avec un réseau à circulation d'eau dans le sol ou dans des radiateurs muraux, mais qui emprunte à l'environnement une partie plus ou moins grande de la chaleur nécessaire à chauffer le liquide caloporteur. C'est aussi un chauffage électrique en ce sens que le compresseur est alimenté par l'électricité.

Les systèmes AUTOSUFFISANTS, voire AUTARCIQUES. Un bâtiment est autosuffisant s'il produit, sur une base annuelle l'essentiel de l'énergie dont il a besoin pour son chauffage. Il est autarcique s'il est capable de se passer, grâce à des capacités de stockage, d'apports extérieurs d'énergie. Une PAC, ou un chauffage électrique direct, complétés par des panneaux photovoltaïques peuvent constituer un système autosuffisant. L'autarcie viendra sans doute via les piles à combustibles ou de nouveaux accumulateurs.
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3) De l'efficience du chauffage électrique 

Pour un besoin énergétique de 10'000 kWh, la consommation d'énergie nécessaire est très variable selon de système utilisé. Par exemple, pour obtenir ces 10'000 kWh, il faut consommer :

  • 14'000 kWh avec une chaudière à bois
  • 11'000 kWh avec une chaudière à mazout
  • 10'500 kWh avec une chaudière à gaz

Source : Méthode réglementaire française du diagnostic de performance énergétique- citée dans Wikipédia : Contenu CO2

Ceci s'explique par la « qualité » de la molécule de chaque combustible amenant une combustion plus ou moins complète générant ces différences de rendement.

Le chauffage électrique direct a un rendement de 100% : 10'000 kWh consommés génèrent 10'000 kWh de chaleur. Il est donc intrinsèquement supérieur à ses concurrents.
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4) Pourquoi le chauffage électrique s'est-il développé en Suisse à partir des années 1970 ? 

Tant qu'une grande partie du courant électrique était produite par des centrales thermiques (à mazout ou à gaz), il était aberrant d'utiliser ce courant pour se chauffer. En effet, lors de la production d'électricité thermique, le rendement dépassait rarement 35 à 40%, alors que la combustion du même agent fossile dans une chaudière atteignait des rendements (combustion et inertie du chauffage) de 75 à 80%.

Les propriétaires des centrales nucléaires ont identifié une clientèle captive et à long terme. Par les distributeurs d'électricité, qui étaient leurs actionnaires, le chauffage électrique a été encouragé, souvent même imposé dans des nouveaux lotissements.
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5) Quelles étaient les contraintes imposées ? 

Aucun chauffage électrique n'a pu être installé sans une autorisation spécifique du distributeur de courant qui imposait des normes d'isolation sensiblement renforcées par rapport aux usages de l'époque. Un certificat de conformité précédait la mise en service. De plus, l'usager devait accepter des coupures de chauffage lors des pics de consommation (entre 11h et 14h, par exemple).
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6) Le chauffage électrique était-il subventionné ? 

Les Verts de toutes nuances de cessent de brandir ce reproche, en pointant du doigt des tarifs « Chauffage » inférieurs aux tarifs « Ménage ». Par exemple en 1978, le tarif « Ménage » était sur la Côte Vaudoise de 16 cts/kWh. La consommation Chauffage, mesurée par un compteur spécifique, était facturée 9,2 cts/kWh.

En réalité, le tarif différencié s'explique et se justifie par les réalités économiques. Comparons deux villas semblables et voisines. La première, chauffée au mazout, consomme au total 4'000 kWh d'électricité par an. A 16 cts/kWh (fin des années septante), elle fournit au distributeur une marge brute de CHF 400 1. La villa avec chauffage électrique apporte la même marge brute sur sa consommation « Ménage », augmentée de la marge brute sur les 15'000 kWh du second compteur. On peut chiffrer ce complément à CHF 550/an à l'époque, avec un tarif différencié « Chauffage » de 9,2 cts/kWh et un abonnement plus coûteux.

La marge brute sert à couvrir les frais fixes du distributeur : personnel d'entretien et surveillance, administration et amortissement du réseau. Ces frais sont dits « fixes », car ils n'ont pas de lien direct ou proportionnel avec la consommation de courant. Les distributeurs, même avec ces tarifs différenciés, amélioraient sensiblement leur rentabilité.

De nos jours, on qualifie une telle situation de « win/win ». Ces marges brutes complémentaires sont en fin de compte revenues à leurs actionnaires : les communes pour l'essentiel. Le subventionné n'est pas celui qu'on croit...

1 La marge brute s'obtient en déduisant du chiffre d'affaires les coûts d'achat du courant et le « timbre aval » soit les montants versés aux propriétaires des lignes à haute tension. Au total 6 ct/kWh à cette époque, selon notre estimation).
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7) Le chauffage électrique a-t-il eu du succès ? 

Le coût moindre de l'installation d'un chauffage direct, sans circuit hydraulique, a séduit les candidats à la propriété et bien entendu les promoteurs immobiliers, qui ont souvent conclu des accords avec les distributeurs, et/ou des municipalités pour imposer le chauffage électrique dans un nouveau lotissement. A fin 2010, 270'000 logements avaient ainsi été équipés, dont 250'000 existaient encore. On peut estimer qu'au moins 150'000 de ces logements ont été construits entre 1981 et 1990.

Le parc total des logements a augmenté d'environ 400'000 unités pendant la même période : plus de 35% des nouveaux logements construits dans les années 1980 optaient ainsi pour le chauffage électrique.
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8) Pourquoi l'installation de nouveaux chauffages électriques a-t-elle été interdite à partir de 1990 ? 

26 avril 1986 : accident nucléaire de Tchernobyl. Les milieux anti-nucléaires brandissent le principe de précaution et obtiennent le 23 septembre 1990 un moratoire de10 ans sur la construction de nouvelles centrales nucléaires en Suisse. Ce moratoire a été renouvelé une nouvelle fois pour 10 ans, soit jusqu'en 2010). Il était dès lors impensable de laisser déferler la vague de nouveaux chauffages électriques.

Conséquence logique de ce moratoire : la construction de nouveaux chauffages électrique a été interdite (sauf exceptions) peu après. Lors de cette décision, il n'a jamais été question d'envisager un délai pour faire disparaître les installations existantes.
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9) Combien y a-t-il actuellement de chauffages électriques en Suisse ? 

247'947 foyers sont ainsi équipés, selon la statistique fédérale de 2010, soit 6,1% du nombre total des logements. Ce pourcentage varie fortement selon les cantons : de 0,5% à Bâle-Ville, il atteint 18,5 % au Tessin et 18,6% en Valais (deux cantons grands producteurs d'électricité). Les cantons urbains présentent un pourcentage moindre de chauffages électriques, en raison de la présence de réseau de gaz.

Source : OFS document T 9.2.2.1.7

Rappelons que ne sont comptés ici que les logements dont le chauffage principal (fixe) est électrique. Mais nous savons aussi que des chauffages mobiles d'appoint sont très nombreux et gourmands.
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10) Combien consomment les chauffages électriques domestiques ? 

Pour 2010, le chauffage électrique existant à titre de chauffage principal dans 247'947 logements a consommé 2,78 TWh en 2010. Cette année-là, la consommation finale d'électricité a atteint 59,8 TWh : le chauffage électrique a donc consommé 4,6% du total de l'électricité en Suisse, à raison de 11'200 kWh/an en moyenne par logement. On est donc loin des 10% souvent invoqués pour demander l'éradication du chauffage électrique.

Nous pouvons démontrer que cette moyenne de 11'200 kWh annuels par logement pour le chauffage électrique est très vraisemblable : 750 adhérents de Choc Electrique nous ont communiqué une consommation totale moyenne de 16'200 kWh, soit une consommation de 5'000 kWh pour l'eau chaude sanitaire et les besoins usuels du ménage, en plus des 11'200 du chauffage.

Le site de l'ElCom donne des consommations-type pour 8 catégories de logements, en particulier :

H5= 7'500 kWh pour une maison de 5 pièces avec sèche-linge, cuisinière et chauffe-eau électriques.
H6= 25'000 kWh pour la même maison, mais avec un chauffage électrique direct en sus.

Source : http://www.prix-electricite.elcom.admin.ch/CommunitySearch.aspx

La conclusion semble limpide : le chauffage électrique direct d'une villa serait de 17'500 kWh annuels. Problème : impossible d'obtenir une explication sur l'origine de ces chiffres.

Ainsi des organismes officiels annoncent, sans les justifier, des chiffres de consommation Chauffage fortement exagérés, chiffres qui sont évidemment repris sans esprit critique ni vérification. Et c'est ainsi que nous sommes diabolisés.

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11) Comment se situent ces 11'200 kWh annuels du chauffage électrique par rapport aux chauffages traditionnels (mazout et gaz) ? 

En 2010, les 2'335'446 logements (57,3% du total des logements) dont le chauffage principal est à mazout ont consommé 2,5 milliards de tonnes de mazout, soit 1,07 tonne ou 1'250 litres/logement. Soit encore 12'536 kWh - 12% de plus qu'un chauffage électrique.

Les 773'793 logements (19% du total) chauffés au gaz ont, eux, consommé un milliard de m3 de gaz. Soit 1'293 m3/an/logement, ou encore 14'790 kWh/an - 32% de plus qu'un chauffage électrique.

Nous avons relevé que le chauffage électrique direct est intrinsèquement plus efficient pour produire de la chaleur (cf. point 3). Ensuite, il faut considérer les facteurs de déperdition de la chaleur produite jusqu'à son utilisation. Le chauffage électrique est plus réactif, il n'y pas d'inertie : il chauffe tout de suite et s'arrête immédiatement. Le gaspillage de chaleur est moindre.

Nous admettons que les chiffres ci-dessus sont une moyenne nationale. Une partie des écarts peut s'expliquer par des différences de taille moyenne des logements, de situation géographique, du nombre de personnes y vivant, de leur âge. Nous avons calculé la consommation moyenne pour 7 villas chauffées à l'électricité et 2 autres chauffées au mazout, dans le même lotissement, construites à la même époque par les mêmes architectes et promoteurs, et occupées par des couples de retraités.

Nous avons constaté une moyenne de 15'000 kWh annuels dans les villas « tout électrique » pour le chauffage et l'eau chaude, contre 29'120 kWh pour les villas mazout - équivalents aux 2'800 litres de mazout consommés par ces 2 autres villas.

L'avantage du chauffage électrique est ici plus marqué, mais il ne s'agit que d'un exemple ponctuel que l'on ne peut pas généraliser.
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12) ... et en termes de pollution atmosphérique ? 

Intuitivement, chacun pense que le chauffage électrique ne dégage aucun CO2 dans l'atmosphère. Il ne faut pas cependant oublier le CO2 dégagé lors de la production de l'électricité qui alimente nos chauffages électriques. C'est en réalité très variable selon le mode de production du courant électrique. Le cabinet ESU donne pour différents moyens de production d'électricité :

  • 1'078 grammes de CO2 équivalent par kWh produit à partir de charbon (méthode inutilisée en Suisse, mais pas chez tous nos voisins)
  • 635 g. CO2 éq. par kWh produit à partir de gaz (projet considéré en Suisse)
  • 240 g. CO2 éq. par kWh produit à partir de biomasse
  • 81 g. CO2 éq. par kWh produit par le solaire photovoltaïque
  • 17 g. CO2 éq. par kWh produit par l'éolien
  • 11 g. CO2 éq. par kWh produit par l'hydraulique avec barrage (3,6 g avec production au fil de l'eau)
  • 5 g. CO2 éq. par kWh produit par le nucléaire système PWR ou 10 pour le système BWR
  • pratiquement rien pour le courant produit par les usines d'incinération d'ordures.

Le même institut donne une moyenne de 24,2 grammes de CO2 pour le mix de production en Suisse (notre « kWh type » en quelque sorte), en intégrant le transport et la distribution.

Il reste cependant à nous expliquer comment on passe de 24,2 g. CO2 à la production à 136,8 grammes pour la consommation, comme le fait l'institut ESU.

La statistique de l'électricité nous indique, pour 2010, une production de 63'758 GWh, pour des importations de 66'834 GWh et des exportations de 66'314 GWh, le réseau européen étant interconnecté en permanence.

En fait, cela veut dire que nous exportons la totalité d'une production plutôt « propre » (24,2 g. éq. CO2/kWh) pour importer –et consommer- une électricité sans doute moins chère, mais dont la production est nettement plus polluante - à 136,8 g. CO2/kWh. C'est sans doute ce qu'on appelle le « grand marché de l'électricité » !

Que peut faire le consommateur suisse ? Il ne fait qu'utiliser le courant que les distributeurs lui fournissent. « Un courant vert » ne serait donc qu'une formule commerciale, visant à engranger quelques centimes supplémentaires sur la facture. Ceci ne change rien à la production en Suisse, tout au plus cela fait acheter des certificats de production d'électricité renouvelable ? Toute comparaison avec le marché financier des produits dérivés n'est sans doute pas inappropriée...

Pour mémoire : le CO2 n'est pas le seul polluant émis par les chauffages : les oxydes d'azote NOx, le monoxyde de carbone (CO), les oxydes de soufre (SOx) contribuent à l'effet de serre et sont produits, avec les techniques en usage en Suisse, en beaucoup plus grande quantité par la combustion de mazout ou de gaz que par la production d'électricité.
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13) Quid de l'indépendance énergétique et de la balance des paiements ? 

Pour assurer un approvisionnement énergétique suffisant, chaque pays essaie de limiter sa dépendance envers l'étranger. Jusqu'ici le solde du transit transfrontalier de l'électricité était tantôt positif, tantôt négatif mais toujours dans un pourcentage réduit.

Par exemple, en 2010, la Suisse a importé 0,8% de sa consommation finale d'électricité. Même en y ajoutant les achats de combustibles pour les centrales nucléaires, on est loin des quasi-100% d'importations pour le gaz et les huiles de chauffage.
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14) Le chauffage électrique n'aurait-il aucun défaut pour l'utilisateur ? 

Le chauffage électrique mérite le AAA en termes d'efficience énergétique, de pollution et d'impact sur la balance extérieure des paiements.

Plus simple à installer, il représente une économie dans les coûts initiaux de la construction ainsi que dans les coûts d'entretien. Sa longévité est très grande.

Il présente cependant un inconvénient : il est plus coûteux à l'usage.

Exemple : en 1978, une villa sur la Côte consommant 15'000 kWh pour le chauffage et l'eau chaude par an, coûtait CHF 1'500 /an en électricité (tarif différencié Tout Electrique), alors que le propriétaire de villa identique et voisine payait ses 2'800 litres de mazout CHF 1'000 (coût moyen selon OFS).

Eternel dilemme entre les coûts initiaux et récurrents. Les nombreux nouveaux propriétaires optant pour le chauffage électrique n'auraient-ils considéré que « la bonne affaire immédiate », le moindre coût initial ? Ce fut sans doute le cas de bien des promoteurs, qui empochèrent en effet la différence sur les coûts sans avoir à supporter des frais récurrents plus élevés. Parmi les autres motivations invoquées par les propriétaires pour opter pour un chauffage électrique, nous trouvons :

  • une plus grande confiance dans les services publics pour contenir l'augmentation du coût du kWh alors que le cours du mazout prenait l'ascenseur après les chocs pétroliers depuis 1973. Sur ce point ils ont eu raison.
    Mais sont venues les taxes sur l'électricité... Et surtout les distributeurs ont plus ou moins élégamment réduit le différentiel entre le tarif « de base » et les tarifs différenciés « Tout Electrique ». Romande Energie supprima son tarif Z, la SEIC-Gland son tarif Chauffage, en ignorant l'un comme l'autre le contrat de fait qui liait des consommateurs captifs -et muets jusqu'à la création de Choc Electrique.
  • une motivation écologique avant l'heure - « on pollue moins ! »
  • l'absence d'alternative le plus souvent : le chauffage électrique était imposé dans certains lotissements suite à des accords négociés entre promoteurs d'une part, et le couple distributeurs-municipalités d'autre part.
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15) Le point de vue juridique 

Quelques cantons ont profité du fait que les propriétaires de chauffages électriques y étaient peu nombreux pour introduire dans leur loi cantonale l'obligation de démanteler à terme les chauffages électriques existants ; par exemple Genève (1,9%), Neuchâtel (2%), ou Berne (5,5%).

  1. Cette obligation porte atteinte au droit de propriété. Le permis de construire mentionnait le chauffage électrique. Le permis d'habiter reconnaît que les prescriptions du permis de construire ont été respectées. Un droit naît de ces documents et fait partie intégrante du droit de propriété de nos logements. Imposer un changement du système de chauffage est une violation d'un droit constitutionnel garanti.
  2. Peut-il s'il s'agit d'une procédure d'expropriation pour des raisons majeures ? Incontestablement NON : ni sur la forme, ni sur le fond, puisque nous démontrons que l'économie d'électricité envisageable est très faible, hors de proportion avec les 40% produits actuellement par les centrales nucléaires qui devront à terme s'arrêter.
  3. Il en résulte un préjudice immédiat pour le propriétaire qui veut vendre son logement. En désignant nos installations comme « gaspilleurs d'énergie », « dangereuses pour la santé et l'environnement », on jette un discrédit totalement infondé. Il en résulte une baisse de valeur immédiate de ces logements sur le marché immobilier, de l'ordre de 15-20% !
  4. Cette disposition est, de plus, manifestement inéquitable : des coûts très élevés sont imposés à une infime partie de la population.
  5. Elle viole également le principe fondamental de proportionnalité : l'ampleur, le coût, les nuisances des travaux imposés par ce changement radical sont hors de proportion avec la réduction de consommation envisageable : 2 à 3% de la consommation totale d'électricité. Situer cette économie potentielle aux environs de 8 à 10% relève de la propagande la plus éhontée, qui devrait pouvoir être attaquée au titre de « propagation d'informations mensongères ».
  6. Un député siégeant à la commission ad-hoc du Grand Conseil Vaudois suggéra l'interdiction des chauffages à charbon (il en restait 134 dans le canton en 2010). « Ce serait contraire au principe de la liberté du commerce » répondit la conseillère d'Etat. Ce principe peut-il être bafoué lorsqu'il s'agit de chauffages électriques ?

Tous les députés, dans tous les parlements au monde, estiment que c'est leur privilège et leur devoir de légiférer. Il ne leur faut cependant pas oublier qu'il existe une hiérarchie du droit : les lois cantonales doivent respecter la constitution et les lois fédérales. Celles –ci sont tenues de respecter les accords internationaux, le « droit supérieur », comme les droits de l'Homme...

Notre démocratie directe donne aux citoyens le droit de référendum pour refuser une loi votée « réglementairement ». Ce fut le cas à Fribourg dans le domaine de l'interdiction des chauffages électriques, le 22 novembre 2012.

Les recours d'ordre juridique restent cependant ouverts, même au cas où notre référendum n'aboutirait pas à faire disparaître l'obligation de démanteler nos chauffages. Il convient de rappeler que la démocratie ce n'est pas simplement le droit de vote. C'est d'abord le respect de l'état de droit, garanti par l'indépendance du pouvoir judiciaire. S'il le faut, nous requerrons cet arbitrage.
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16) Les deux types de chauffages électriques et leurs différences 


Le critère de base est la présence ou l'absence d'un circuit hydraulique pour faire circuler la chaleur.

a) les premiers chauffages électriques se limitaient au remplacement du brûleur à mazout –où à gaz- par des résistances électriques chauffant l'eau qui circule ensuite vers les radiateurs muraux ou des circuits de tuyaux noyés dans les chapes.

b) les chauffages directs qui eux ne font pas appel à un circuit hydraulique sont venus ensuite. La première génération de convecteurs affublés du surnom de grille-pains associe la simplicité, la robustesse, un gain de place et un coût réduit.

Ils ont été supplantés par des systèmes plus évolués, à rayonnement et à inertie.

Les informations fournies par nos adhérents montrent que les circuits d'eau n'existent que dans 8% environ des logements chauffés à l'électricité. Dans la plupart des cas, le remplacement des systèmes de chauffages électriques implique donc des travaux lourds et coûteux pour installer un circuit hydraulique avant de penser à un nouveau mode de production de la chaleur.

 

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17) Peut-on remplacer un chauffage électrique par un système à mazout ou à gaz ? 

D'un point de vue technique, mis à part le coût et les nuisances pendant les travaux, c'est parfaitement réalisable. En particulier pour les rares qui ont déjà un système hydraulique pour transmettre la chaleur (environ 8% des foyers chauffés à l'électrique).

Mais est-ce un progrès ? Depuis quelques années, et plus précisément depuis le Protocole de Kyoto, la lutte contre l'effet de serre est un objectif prioritaire au niveau planétaire.

Est-il cohérent de vouloir remplacer des systèmes peu polluants par la génération précédente émettrice de pollution ? Nous pensons que ce serait faire marche arrière. Nous privilégions une marche en avant (cf points 19 et 20).

Nous sommes d'ailleurs extrêmement surpris que les différentes révisions récentes les lois cantonales sur l'Energie se limitent à favoriser les nouvelles énergies renouvelables, mais sans aucune incitation à rechercher la neutralité énergétique pour les nouvelles constructions. A notre sens, le couplage Pompe à chaleur/Panneaux photovoltaïques aurait dû faire l'objet d'incitations concrètes. « Plus de carotte et moins de bâton », pour citer un député vaudois fort lucide.
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18) Le chauffage dans son ensemble est un énorme consommateur d'énergie 

En 2010, la consommation finale d'énergie a été de 215 TWh (912 Pétajoules).

La statistique fédérale de l'Energie pour 2010 (tableau 3.2) montre que 32,6% de l'énergie finale est utilisée pour le chauffage des bâtiments (Raumwärme).

Pour les ménages (en excluant donc « l'économie », l'agriculture et les transports selon le tableau 4.2 de la même statistique), sur une consommation totale de 75,4 TWh d'énergie, 21,4% sont alloués au chauffage des logements.

Même si on est clairement en-dessous des 40% fréquemment avancés, c'est beaucoup. Mais quelle proportion de notre temps passons-nous, en hiver, à l'intérieur d'un bâtiment ? Essayez de l'estimer pour votre cas : la plupart des gens passent 80% -voire plus- de leur temps à l'intérieur d'un bâtiment en hiver : il faut donc relativiser cette consommation, qui ne fait que refléter un besoin humain vital.

Il n'en demeure pas moins qu'il est souhaitable d'organiser, de favoriser les économies d'énergie pour le chauffage, quel que soit le mode de production de la chaleur.
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19) Peut-on réglementer les usages de l'énergie en général, et de l'électricité en particulier ? 

Un des piliers de notre ordre juridique est le libéralisme économique. On peut apporter des restrictions pour des raisons de dangerosité ou de nuisances. Par exemple : imposer des filtres à particules des contrôles périodiques pour les chaudières à gaz ou à mazout. Ces mesures de police sont justifiées par l'intérêt public.

En dehors de ceci, l'usage de l'énergie est régi par les lois du marché, de l'offre et la demande.

Il est parfaitement légitime que l'Etat puisse définir des orientations, des priorités, des incitations de différents ordres : conseils, subventions et déductibilités fiscales.

L'électricité est souvent qualifiée de « noble ». Admettons. Mais de là à en réserver l'usage « aux trains et aux ordinateurs » il y a un pas qu'aucun régime politique, même les plus dirigistes n'a jamais osé franchir. Qui plus est, un hypothétique établissement des usages interdits se révèlerait un incroyable casse-tête.
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20) La voie « photovoltaïque » pour réduire les prélèvements sur le réseau électrique 

Prenons l'exemple d'une villa dont l'orientation et la forme du toit permettent de poser 60 m2 de panneaux photovoltaïques. Le prix de cette installation varie en fonction de la puissance installée (exprimée en KWc ou kilowatt-crête), qui reflète la qualité des panneaux. Retenons pour le calcul une puissance installée de 9 kWC, une production annuelle moyenne de 10'000 kWh et un coût d'environ CHF 50'000, soit environ CHF 830 par m2 pour des panneaux de qualité supérieure.

A partir de 2014, la Confédération, via la nouvelle RPC (Rémunération à Prix Coûtant) offre une subvention de 30% du coût (soit CHF 15'000). Le propriétaire réalise également une économie fiscale de CHF 7'000 (estimée le plus souvent à 20% de CHF 35'000). Soit un montant de CHF 22'000 à déduire de l'investissement initial de CHF 50'000.

Cet investissement net de CHF 28'000 est-il rentable pour un particulier ?

Celui-ci va auto-consommer environ 3'000 kWh sur les 10'000 produits par son installation et va donc réduire sa facture d'électricité de CHF 600 environ (3'000 kWh à 20 ct/kWh en moyenne). De plus, les 7'000 kWh qu'il n'auto-consomme pas seront refoulés sur le réseau et payés par le distributeur local à un prix variable, que nous estimons à 13 ct/kWh en moyenne : soit CHF 910. Au total, un gain de CHF 1'510 par année.

Partons du principe que notre cobaye a emprunté les CHF 28'000 d'investissement nécessaires à un taux d'intérêt de 3%. A la fin 2015 (première année d'exploitation), il rembourse à sa banque les économies nettes réalisées : 600+910-840-200 (contrat d'entretien) +185 (économie d'impôts sur intérêts passifs)= CHF 655. Et ainsi de suite...

On constate qu'avec les paramètres ci-dessus, l'emprunt ne serait remboursé qu'au bout de 30 ans (point mort, en termes comptables). C'est au-delà de la durée de vie des panneaux. L'opération n'est donc pas rentable.

Dès lors, deux questions se posent :

1) Ceux qui ont déjà réalisé de telles installations ont-ils fait une mauvaise affaire ?
NON, car jusqu'à fin 2013, les conditions de la RPC étaient fort différentes - beaucoup plus favorables.

2) A partir de 2015, peut-on encore opter pour l'installation de panneaux photovoltaïques ?
OUI, mais sous certaines conditions. Par exemple :

  • si l'autoconsommation atteint 50% (au lieu de 30%), le point mort est atteint en 2040
  • si le prix de l'électricité augmente sensiblement, ce point-mort se rapproche encore
  • si d'autres aides ou subventions (locales) sont disponibles
  • si les coûts des panneaux baissent sensiblement
  • si leurs performances s'améliorent...
  • si le propriétaire considère que cette installation donne une plus-value à sa maison parce qu'il envisage de la revendre

Comme toute décision d'investissement, il y a un risque que chacun doit assumer. Les calculs et estimations doivent être revus périodiquement, car les progrès technologiques sont nombreux et des solutions de stockage finiront par arriver.
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21) La voie « pompe à chaleur » pour réduire la consommation d'énergie de chauffage 

Nous avons défini la Pompe à chaleur (PAC) comme la 4ème ère du chauffage (cf. point 2) : celle où une partie de la chaleur produite est « empruntée » à l'environnement par un système de compresseur (un frigo à l'envers en quelque sorte).

Les professionnels ont défini un coefficient de performance annualisé (COPA) comme le rapport entre :

  • la chaleur consommée dans le logement1
  • sur

  • l'énergie électrique consommée par l'installation

1 Pour ceux que cela intéresse, voici la méthode : on connait la quantité d'eau qui circule dans le système tuyaux/radiateurs ainsi que la vitesse de circulation. On mesure ensuite la différence de température entre le départ de l'eau et son retour.

Par exemple :

  • une PAC Air-Eau (celle qui emprunte de la chaleur à l'air extérieur) peut restituer 12'000 kWh en consommant 4'000 kWh d'électricité : son COPA est de 3 (12'000/4'000)
  • une PAC Sol-Eau ou géothermique emprunte de la chaleur au sol par un forage. En général, on admet pour elle un COPA de 4 : avec 4'000 kWh d'électricité, une PAC Sol-Eau peut restituer 16'000 kWh de chaleur
     
  • une PAC Eau-Eau peut aller jusqu'à un COPA de 5, mais ce type de PAC est très rare : il faut un cours d'eau à côté.
     
  • Les statistiques fédérales donnent (cf. point 10) une consommation moyenne de 11'200 kWh/an pour un chauffage électrique. Elles donnent 4'813 kWh en moyenne pour une PAC.

    Peut-on déduire que le COPA moyen est de 2,3 seulement (11'203/4'813) ? Non. Il faut s'avoir qu'un logement qui consomme 11'200 kWh avec un chauffage électrique direct, consommera environ 20% de plus -soit 13'400 kWh- avec une PAC. Pourquoi ? Parce qu'un circuit hydraulique a davantage d'inertie thermique et que la régulation est moins précise qu'avec un chauffage direct. Un projet pilote réalisé à Genève en 2000 a fait l'objet d'un rapport qui, malgré un biais, corrobore ce principe. Le COPA moyen est donc en 2010 de 2,8 environ (13'440/4'813), soit en retrait par rapport aux ratios de 3 et 4 donnés ci-dessus.

    Si l'on admet une proportion en 2010 de 50% environ pour chacun des deux principaux types, on devrait se situer à un COPA de 3,5 environ. Mais, les installations anciennes étaient moins performantes et leur dimensionnement imparfait. Ce parc de PAC anciennes, moins performantes, fait baisser le COPA moyen. Toutefois, celui-ci augmente régulièrement avec l'augmentation de la proportion de modèles plus efficients.

    Quand faut-il envisager d'installer une PAC, en priorité une PAC géothermique ?

    • Dans une construction neuve : il est préférable de consommer 3'000 kWh d'électricité que 1'250 litres de mazout ou 1'300 m3de gaz. C'est meilleur pour l'environnement et pour la balance nationale des paiements. Mais voilà : nos gouvernants semblent en priorité vouloir réduire la production d'électricité, donc on n'encourage pas la solution « idéale ».
    • Dans un logement équipé d'un circuit hydraulique et dont le brûleur à mazout/gaz ou le chauffage à résistance doit être renouvelé. La logique voudrait que l'on favorise ici aussi une PAC. Même observation que ci-dessus.
    • Dans un logement avec chauffage électrique direct lorsque les nattes dans le sol défaillent ou surtout lorsque l'objectif est de vendre le logement à court terme. En raison de l'effet de mode, l'investissement dans un système circuit hydraulique + PAC permet d'obtenir un meilleur prix de vente, en tout cas d'éviter les pressions sur le prix que le chauffage direct provoque très souvent actuellement.

    Pour le propriétaire d'un logement dont le chauffage électrique fonctionne efficacement et dont la consommation se situe dans ou sous la moyenne, imposer le remplacement d'un système en bon état de marche n'est rien d'autre qu'un gaspillage. Aucune loi ne peut encourager et encore moins imposer un gaspillage.

    Par contre, lutter contre les consommations d'énergie clairement excessives constitue un objectif recommandable à condition qu'il s'applique à tous les modes de chauffage et non à quelques boucs émissaires.
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    22) Quelle serait l'économie d'électricité si tous les chauffages électriques étaient remplacés par des PAC ? 

    Faisons un rêve : tous les chauffages électriques domestiques ont été remplacés par des PAC. Admettons de surcroît qu'un tiers de ces PAC soient géothermiques et les deux autres tiers Air-Eau. Le COPA moyen serait alors d'environ 3,3.

    La consommation moyenne de 11'200 kWh de 2010 serait alors ramenée à 4'072 kWh (11'200*120%/3,33), soit une réduction de 63%. Au niveau national, on économiserait donc 63% des 2,78 TWh consommés en 2010 par ces chauffages - soit 1,75 TWh ou encore 2,9% du total de la consommation nationale d'électricité, et 0,7% de la consommation nationale d'énergie.

    On est loin des 8, 10 ou encore 12% claironnés par des responsables, dont au moins l'un d'entre eux a été contraint d'admettre par écrit que le potentiel d'économie d'électricité avait été fortement surévalué.

    Question subsidiaire : combien coûteraient ces « négawatts », ces kilowattheures que l'on éviterait alors de produire ? Retenons une moyenne de CHF 80'000 (basée sur des devis de professionnels) pour chacun des 247'000 logements « chauffage électrique ». On aurait alors dépensé... 20 milliards de francs !

    On peut vouloir sortir de l'électricité d'origine nucléaire, mais imposer la disparition des chauffages électriques n'est une condition ni nécessaire ni suffisante. Cherchons des voies plus réalistes !
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    23) Les chauffages électriques disparaîtront naturellement 

    Depuis 20 ans, il n'est plus possible d'installer de nouveaux chauffages électriques - sauf pour de rares exceptions. Combien parmi les 247'000 installations actuelles existeront encore en 2050, soit l'horizon-temps de la Stratégie Energétique Fédérale ? 50'000, peut-être, dont la consommation représenterait alors quelle proportion de la consommation d'énergie ? Que les devins s'expriment.

    Un facteur va accélérer la disparition naturelle des chauffages électriques : la densification de l'habitat. C'est inéluctable et le plus souvent même souhaité. Les villas des années 1970 vont céder le terrain à des immeubles...

    Il serait de mauvais goût de faire un rapprochement entre la politique d'éradication des chauffages électriques et une politique d'euthanasie des vieillards. Alors restons-en là : laissez vivre et disparaître les chauffages électriques existants.
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    Post-Scriptum :

    24) Vers l'autosuffisance énergétique : PAC + panneaux photovoltaïques 

    L'objectif d'obtenir un bilan thermique « neutre » pour un logement est légitime, réalisable sans toutefois être généralisable.

    Légitime : de nos jours, les techniques existent pour éviter le recours aux combustibles fossiles pour le chauffage. Il ne serait nullement choquant qu'une loi dise : « le chauffage d'un nouveau bâtiment sera, sauf quelques exceptions, réalisé à l'aide d'énergie renouvelables » ... Il en va tout autrement pour certaines installations existantes.

    Réalisable : le couplage d'une PAC géothermique et de panneaux photovoltaïques permet d'atteindre la neutralité énergétique en attendant l'autarcie qui nécessite de nouvelles technologies de stockage d'énergie.

    Dans le même ordre d'idées, le couple Chauffage électrique direct + panneaux PV permet d'atteindre ce même résultat.
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    25) Quid des chauffe-eau électriques ? 

    Nous avons cherché à connaître le nombre de chauffe-eau électriques en fonction en Suisse. Nos recherches dans les statistiques sont restées vaines.

    Nous nous limitons donc aux constatations suivantes :

    • Tous les usagers du chauffage électrique ont également un chauffe-eau électrique.
    • Dans de nombreux immeubles, le chauffage est central mais chaque appartement à son chauffe-eau, à gaz ou électrique.
    • Certains bâtiments, immeubles ou villas, chauffent l'eau sanitaire au mazout/gaz pendant la période de chauffe. A la fin de la période de chauffe, on enclenche un chauffe-eau central électrique.

    Les Statistiques Fédérales de l'Energie (tableau 4.2) donnent une consommation de 2,4 TWh d'électricité pour la production d'eau chaude sanitaire par les ménages. Quelques adhérents sont en mesure de connaître leur consommation pour cet usage spécifique d'électricité. Ils se situent entre 2'000 et 2'500 kWh annuels. On peut donc estimer à environ 1 million le nombre de chauffe-eau électriques, ce qui représente 25% de tous les logements, quatre fois le nombre de chauffages électriques.

    Pourquoi un nombre aussi élevé ?
    Il faut se rappeler que le chauffage de l'eau sanitaire est un puissant outil d'équilibrage des réseaux électriques. Il y a quelques années, Romande Energie proposait à certains de ses clients de leur fournir gratuitement un chauffe-eau de 600-650 litres (seule une modeste participation aux frais de pose était demandée), en justifiant leur générosité par cet exercice de réglage du réseau.

    En effet, les distributeurs savent commander à distance la recharge des chauffe-eau. Celle-ci se faisait traditionnellement de nuit, pour l'électricité produite « en ruban ». Les smart-grids à venir devraient permettre de faire une réserve d'eau chaude quand les panneaux photovoltaïques produisent.

    Que penser de la solution des panneaux solaires thermiques pour le chauffe-eau ?
    Ils sont incontestablement efficaces. Mais quand la réserve d'eau atteint 65 degrés Celsius environ, le panneau thermique continue à produire une énergie qui ne peut être utilisée par quiconque. On peut donc considérer que des panneaux photovoltaïques ont l'avantage que leur production excédentaire peut être utilisée par d'autres.
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    26) ... et nous n'avons pas encore parlé d'isolation. 

    Depuis quelques années, sous l'impulsion du groupement Minergie (une entreprise privée soutenue par les pouvoirs publics), les professionnels sont amenés, lors des nouvelles constructions, à respecter des normes d'isolation qui permettent d'obtenir un ratio de 55 kWh/m2 en 2010, alors que l'on dépassait encore les 220 kWh/m2 en 1970. C'est remarquable et heureux.

    Les distributeurs d'électricité dans les années 1970 et 1980 n'acceptaient de raccorder un chauffage électrique principal que si l'isolation était renforcée.

    Les technologies progressent : les doubles vitrages traditionnels de 1975 sont déclassés par les réalisations actuelles. Une grande proportion d'usagers du chauffage électrique a déjà remplacé l'huisserie d'origine (par exemple vers l'année 2000). Est-il possible d'exiger qu'ils refassent l'exercice en 2015, au prétexte que maintenant « les fenêtres sont bien meilleures » ?

    De même pour les toits et les murs.

    L'isolation est un cycle sans fin : on peut toujours faire mieux. Mais il y a un point où l'investissement supplémentaire n'a plus aucune rentabilité.

    Enfin, profitons pour signaler qu'il existe un autre facteur au moins aussi important que l'isolation : l'attitude personnelle : réglage des températures, aération, gestes d'économie d'énergie en tout genre.

    Finalement, le juge ultime reste notre consommation : si elle clairement excessive, il faut agir pour la réduire. L'un des buts de notre association est de participer à cette prise de conscience par l'information et l'échange d'idées.
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